La galerie M77 de Milan présente une splendide exposition des œuvres de Kendell Geers (de 1993 à 2020).
Basée sur l’essai « Ornement et crime » (1908) de l’architecte autrichien Adolf Loos, l’exposition « OrnAmenTum’EtKriMen » offre une immersion unique dans l’univers de l’artiste.
Stéphane Gizard nous dévoile sans filtre dans une touchante netteté sa fascination pour l’émouvante beauté de la jeunesse...
L’objectif
dans mes activités artistiques à l'école est de faire vivre le
sens premier de ce même mot « école ».
Le mot « école » vient du latin schola qui signifie « loisir consacré à l'étude », lui-même provenant du grec schole qui veut dire « le loisir ». L’école doit être donc bel et bien un lieu de vie, de loisir et de plaisir !
Même si certains instituteurs/trices , directeurs/trices d'école maternelle et primaire font un travail remarquable, je constate néanmoins que les écoles « classiques » où j'interviens depuis plus de 6 ans (que ce soit en Belgique ou en France) sont des lieux où l’enfant doit s’adapter à une pédagogie, un rythme et une discipline imposés par l'adulte. J'ai également vécu certaines expériences qui m'ont montré que d'autres écoles « alternatives » de type Montessori, Freinet, Steiner, Froebel étaient possibles et qu'elles offraient chacune à leur manière et en fonction de leurs philosophies un lieu où une pédagogie s’adaptait cette fois-ci à l’enfant. Les écoles « démocratiques » enfin (j'ai eu la chance d'intervenir dans l'école NovAgora de Strasbourg qui a dû malheureusement fermer ses portes) vont encore plus loin et proposent quant à elles des lieux où aucune pédagogie n'est pratiquée. Le mot « pédagogie » vient du grec paidos, signifiant « enfant » et de gogía, signifiant « diriger » ou « conduire ». Ces écoles considèrent en effet que l'enfant ne doit pas être dirigé ni contrôlé mais accompagné dans sa découverte de la vie et des connaissances. Dans cette perspective, aucune pédagogie ne peut être appliquée : Tout est à réinventer.
C'est cette forme extrême d'école qui m'inspire et qui m'attire le plus. Dans mes activités artistiques en effet je désire non pas diriger l'enfant/ado mais l'accompagner dans ses découvertes et dans la construction de son propre apprentissage et de ses créations. C'est cette forme d'école et d'apprentissage à l'écoute de l'enfant qui me parle le plus. Elle nécessite de la part de l'adulte de se questionner en permanence et de se repositionner de façon créative pour accompagner l'enfant. Il n'y a pas de formule pratique toute faite. Chaque enfant est unique et mérite du « sur mesure » (Charlotte Mason).
Le mot « éducation » est directement issu du latin educatio, lui-même dérivé de ex-ducere. Celui-ci composé de ducere signifiant « conduire, guider, commander » et ex, « hors de ».
« Eduquer » signifierait donc
« guider l’enfant hors de lui-même ». Mais est-ce
réellement le but recherché par l'apprentissage ?
La mission des éducateurs est pour ma part tout à l'opposé de celle-ci. Elle est au contraire d'accompagner les enfants et les ados à se découvrir et à se connaître eux-mêmes ; à « s'introspecter ». Introspecter vient du latin intro « à l'intérieur » et spectare « regarder », ce qui signifie regarder à l’intérieur de soi. L'introspection (du latin introspectus) désigne l'activité que l'on peut décrire métaphoriquement comme l'acte de « regarder à l'intérieur de soi», par une forme d'attention portée à ses propres sensations ou états. Il s'agit en psychologie de la connaissance intérieure que nous avons de nos perceptions, actions, émotions, connaissances, différente en ce sens de celle que pourrait avoir un spectateur extérieur.
C'est de cette manière que je vois la mission d'éducateur et d'accompagnateur des jeunes ; pour leur permettre de se connaître eux-mêmes, de comprendre leur fonctionnement et celui du monde qui les entoure, et leur permettre d'acquérir une autonomie, une confiance en soi et un discernement.
Avec une telle approche bienveillante et démocratique de l'apprentissage, je souhaite permettre à l'enfant/ado de découvrir les passions qui l’animent, de savoir qui il/elle est et de trouver la confiance et la force pour s'exprimer.
Pour offrir au jeune un apprentissage libre et autonome, Il est important d' avoir confiance en soi, en l’enfant et en sa capacité à trouver sa propre voie, en respectant son rythme, en le laissant gérer son temps et son énergie comme il l’entend, par le biais du jeu, de l’expérimentation, dans le cadre d'ateliers et de projets individuels et collectifs.
En observant et en écoutant chaque enfant/ado et en les accompagnant de manière bienveillante et respectueuse, il est possible de proposer, même dans des séances de groupe, un accompagnement personnalisé pour chacun des participants. Plus le groupe est petit et plus cet accompagnement personnalisé est facilité. Mais quelque soit le nombre d'enfant dans une séance/classe, il est fondamental de considérer chaque enfant comme un être à part entière, lui permettant de se questionner, de se positionner et de devenir rapidement responsable de sa vie, de ses choix et de ses prises de décisions.
Enfin une pratique bienveillante ne peut s'instaurer dans l'habitude de l'enfant/ado que grâce à l’exemple donné par les adultes encadrants bienveillants et amener ainsi tous les participants à intégrer à terme le sens de la responsabilité qui incombe à chacun pour garantir un vécu collectif harmonieux.
Si
crier était une solution fiable et efficace pour obtenir l'attention
et même le calme des enfants, ça se saurait.
Certains instituteurs(trices) crient parfois tellement fort dans leurs salles de classe pour obtenir le calme...certaines femmes de service crient parfois tellement fort dans les cours de récréation pour forcer les enfants à se taire et à se ranger deux par deux dans des rangs militairement organisés que nous risquerions de retrouver des fantômes translucides à la place de nos chers enfants, réduits au silence total par la violence du choc sonore. Et cela ne fonctionne visiblement pas du tout. Alors pourquoi tant de cris ? Cris, punitions, intimidations, menaces sont monnaies coutantes pour essayer en vain d'obtenir l'attention et l'obtempération des enfants. N'y a t-il pas une autre solution pour communiquer avec eux, dans leur intérêt et pour leur bien-être (et celui des adultes également), pour attirer leur attention et leur faire comprendre que le temps de l'écoute est venu?
L'objectif et les missions pour l'adulte (être sensé et intellectuellement fini) ne sont-ils pas d'accompagner positivement l'enfant dans sa découverte du monde, d'apprendre à communiquer à son rythme et non pas d'exiger de l'enfant qu'il s'adapte au rythme et au mode de fonctionnement de l'adulte?
L'école n'est pas une usine où l'adulte, pour son propre confort, demande aux enfants de suivre le rythme et les modèles à son image. Oui l'éducation est le plus difficile métier du monde qui demande bienveillance, patience, écoute, compétences...mais il n'y a pas d'échappatoire ni d'alternative à cela. Alors retroussons-nous les manches.
Crier est une solution de facilité pour les adultes, un raccourci pratique où la raison du plus fort est toujours et uniquement...la plus forte, où l'adulte s'égosille au risque de faire péter ses cordes vocales, où l'enfant apeuré et brutalisé est à deux doigts de perdre sa raison, ses tympans et sa joie.
Ce disfonctionnement intègre malheureusement l'apprentissage de l'enfant qui s'imagine que crier est le mode normal et unique de communication pour obtenir l'attention et se faire entendre, et qu'il faut mieux exploser plutôt que de prendre son temps et apprendre à observer, écouter, ressentir.
On entend souvent le corps enseignant dire « L'école n'a pas mission d'éducation mais d'apprentissage. L'éducation des enfants reste la responsabilité de leurs parents ». Bien entendu les parents ont la plus grande responsabilité face à l'éducation de leurs propres enfants. Mais l'école de « l'Education Nationale » où l'enfant passe le plus clair de ses journées ne peut prétendre n'avoir aucun impact ni aucune responsabilité dans l'éducation de l'enfant. L'école est parfois le seul refuge même d'éducation pour certains enfants qui viennent de familles déchirées.
Et puis il y a ceux qui ne crient pas mais ne disent rien: par leur silence, les autres adultes témoins de telles pratiques (professeurs, directeurs, femmes de services, intervenants extérieurs) participent à cet pratique éducative en validant ainsi par leur silence et acceptation ce mode de fonctionnement et d'éducation. Ces pratiques dont nous nous sommes accoutumés dépassent le bon sens, le simple respect de l'individu et le bien-être de tous (autant pour celui qui crie que celui qui est crié dessus et que celui qui entend les cris).
Le manque de communication positive, bienveillante et non-violente vient du manque d'écoute, écoute de soi et de ses propres besoins et écoute des autres. Chaque journée passée à l'école devrait comprendre des temps de respiration, de méditation, de discussion, d'observation et d'expression. L'emploi-du-temps de l'enfant ressemble déjà à celui de l'adulte : chaque minute est comptée, chaque action encadrée, chaque pause pipi, chaque repas, chaque moment de détente, chaque moment de droit de parole, de droit de bouger... Cet emploi-du-temps est pour l'enfant contre-organique et contre productif. Le monde de l'enfance ne devrait pas ressembler au monde du travail, sans moment pour se questionner, respirer, jouer, s'interroger, rêver et réfléchir.
Le
monde professionnel serait-il une jungle?
Vous est-il déjà arrivé d'envoyer une sollicitation spontanée ou de faire une proposition de collaboration à un employeur potentiel?
Votre proposition est très concrète, détaillée, peaufinée, tout à fait pertinente. Vous avez pris beaucoup de temps pour y réfléchir et développer avec soin votre concept ainsi que la proposition. Elle a été pensée et réfléchie spécialement pour cet employeur, en prenant en compte ses ambitions et ses missions. Vous correspondez complètement au profil qu’il recherche. Mieux encore: vous avez déjà travaillé ensemble par le passé et la collaboration avait été un succès. Il vous a déjà vu a l’oeuvre, vous fait confiance et se réjouirait de retravailler avec vous. Cette proposition pour leur nouveau projet vous tient à cœur et vous souhaitez contribuer à nouveau avec enthousiasme et créativité à cette nouvelle mission.
La réaction à votre mail vient en effet très rapidement: votre projet de collaboration emballe l'équipe qui la trouve très pertinente et intéressante. Ils se réjouissent de pouvoir en discuter en équipe pour pouvoir décider de la suite.
Et puis le temps passe et vous vous retrouvez sans nouvelle de leur part. Après une première puis une deuxième relance vous obtenez enfin une réaction: l’équipe serait ravi de pouvoir échanger des idées autour de votre proposition qu’ils ont tant apprécié: « Pourquoi pas une "discussion-débat" avec d’autres participants pour « brainstormer » autour de votre proposition. Ce serait tellement bien de ne pas perdre le contact positif qui vient de se créer. »
Bien que l’idée d’échanger avec l’équipe autour de votre proposition ne vous pose aucun problème (au contraire, c’est même votre souhait exprimé de collaborer à nouveau avec eux), la perspective d'échanger avec un groupe de participants que vous ne connaissez pas sur votre proposition et de livrer gracieusement vos idées développées sur plusieurs années d’expérimentation et d'expérience ne vous enchante pas particulièrement et ne raisonne pas vraiment pour vous.
Vous le leur faites savoir et réitérez votre souhait de travailler main dans la main avec eux. Votre proposition « clé en main » est très claire et ne nécessite pas d’être abordée en « discussion-débat ». Vous expliquez que s'ils souhaitent vous engager, vous serez heureux de discuter en réunion de travail de vos idées et des leurs et de construire ensemble la version de votre proposition la plus adaptée au projet.
Et puis plus rien. Pas de réaction de leur part. Pas de réponse. « Silence mail ».
Tes idées, ton enthousiasme,...mon intérêt.
Une collaboration signifie « travailler et réfléchir ensemble pour atteindre un objectif commun» et dans les échanges professionnels le respect, la considération et le professionnalisme sont normalement requises.
Le refus fait partie de toute relation qu’elle soit professionnelle ou personnelle. Aucun soucis à se voir refuser un projet. Il devrait néanmoins être accompagné par des raisons et des motivations. Et même si la crainte de décevoir et la peur de s’être trop avancé est présente pour un employeur, le refus doit être au minimum communiqué et annoncé de vive voix ou par mail ou par courrier. Le « silence radio » ne peut pas être une option envisageable. Le minimum est effectivement de répondre, d’expliquer les raisons de la décision et de remercier le sollicitant pour l’intérêt montré, les efforts fournis et le temps investi.
Le manque de communication, d’attention et de considération dans le cadre et le contexte professionnel sont tout simplement inadmissibles.
À quel moment « l’homme et la femme professionnels » perdent-ils le chemin de la droiture, de la rigueur, de la bienséance et du professionnalisme? Sont-ils tellement obnubilés par leur travail quotidien et leur propre intérêt qu’ils en oublient d’être à l’écoute de l’autre? Peut-être qu’un code du travail devrait être instauré ou remis à jour pour mettre en place des règles essentielles de bienséance, de communication et d’humanité dans le cadre professionnel ; des règles pour éduquer les «praticiens» à instaurer de la bienveillance dans leur activité et éviter de voir le milieu du monde professionnel réduit à une jungle « amateurisante ».
Du manque d’éducation et du trop plein de blessures.
Il est donc navrant de constater un manque important d’éducation chez l’adulte au niveau de sa gestion des relations professionnelles et de son mode de communication écorché. L’être humain n’est pas par nature malveillant (c’est mon point de vue): Qui souhaiterait en effet vivre dans les tensions, les conflits et le stress permanent? Force est de penser qu’il n’est donc pas conscient de ce « disfonctionnement » et que son manque d’éducation sur le savoir vivre ensemble et l’écoute de l’autre s’est infiltré très tôt dans ses habitudes. Le professionnel est avant tout un être humain et il est triste et alarmant de voir transparaitre dans son incapacité à considérer l'autre dans son activité professionnelle son manque de bienveillance dans sa vie privée et sa difficulté à communiquer. L'être adulte ne serait-il rien d'autre qu'un enfant blessé qui très tôt a peut-être perdu confiance en lui et son enthousiasme ?
Communication bienveillante, pour une société adulte et responsable.
Tout est question de communication! La qualité de nos rapports humains dépend de la qualité de notre communication, de notre capacité à écouter l’autre et à être entendu ! La qualité positive de notre société dépend d'une communication non violente, adulte et responsable. Il ne suffit pas non plus uniquement de se parler : Communiquer de façon malveillante, violente et perverse ne nous mènera pas à des relations épanouissantes. Encore moins par le silence. Sans communication bienveillante, pas de relations saines et constructives. En communication comme dans la plupart des domaines, ce qui compte c'est la qualité et non la quantité.
De la déception à la prise de position.
Passé la quarantaine je me surprends encore à être déçu par une telle situation. Et pourtant année après année et après de nombreux refus et de nombreuses situations de « traitement du silence », je devrais y être préparé et m’y attendre; ne pas placer mes espoirs trop haut et accepter définitivement cela comme un état de fait, irrévocable...
Mais quelle vie! Si ne pas espérer à de bonnes rencontres et de bonnes collaborations professionnelles était la seule perspective possible, la vie dans notre société serait bien triste ! Adieu confiance et enthousiasme ? Surement pas ! Alors comment faire?
Comme Greta Thunberg l’avait exprimé si courageusement au début de son mouvement Fridays for futur « je ne souhaite pas que vous soyez plein d’espoir, je souhaite que vous ayez peur ». En parallèle à ce mouvement courageux de millions de jeunes qui refusent « la déception » je découvre la CNV de Marshall Rosenberg avec Axelle Schermann. Eux également refusent l’acceptation et le déterminisme. Tout est possible en commençant par être bienveillant envers soi-même et faire face à la réalité avec compassion et sagesse.
À mon tour je ne souhaite plus être plein "d’espoir" mais être déterminé et clair sur mes besoins et mes attentes pour une vie et des collaborations emplies de communication bienveillante, de courage et de bonheur. Je ne souhaite pas vivre dans la rancoeur, le ressentiment et le jugement mais dans la communication et l’écoute.
Adieu mes peurs, la déception, le ressentiment et la tristesse; « Welcome » bienveillance, compassion, acceptation, prise de position et clarté d’esprit! Parce qu'on a tous une responsabilité dans notre monde présent et en devenir. Retroussons-nous tous les manches ensemble pour une vie meilleure !
« L’important
n’est pas ce que l’on enseigne aux enfants mais comment on le
leur enseigne»
Quand éducation rime avec blessure et dépréciation de soi
L’enfant a besoin d’attention et de bienveillance à son égard pour grandir, s’épanouir et se développer sereinement. Sans cette bienveillance l’enfant ne construit pas de confiance en lui, il se renferme et n’ose pas exprimer ses besoins, ses désirs et ses peurs. Si le mode d’éducation ( que ce soit à la maison ou à l’école) est fondé sur l’adage de la punition et de la récompense, du droit à la parole et de l’obligation au silence, du bien et du mauvais, l’enfant n’apprend que par la crainte de l’erreur et la répétition. Il imprime très fortement et très tôt dans sa psyché qu’il « est le problème ». Il sent et s’imagine être inévitablement la cause de la déception de l’adulte et comprend très vite qu’il marche constamment sur des œufs. Il instaure ainsi dans la construction de sa personnalité l’idée qu’il n’est pas légitime, qu’être « lui-même » pose problème et ne suffit pas, qu’il ne mérite sans doute pas d’être apprécié et aimé juste pour qui il est et ce qu’il est.
Quand éducation rime avec formatage et réductionnisme
Avec cette inquiétude de décevoir et la peur d’échouer, l’enfant se force à se conformer et à se mouler à l’idée et l’image que l’on attend de lui. Il préfère se formater plutôt que de prendre le risque de déplaire et de s’affirmer. Le système éducatif de l’école primaire est particulièrement édifiante sur ce point. Depuis 7 années que j’interviens dans de très nombreuses écoles pour donner des activités de création artistiques, je suis régulièrement frappé par la rigidité du mode de communication, d’éducation et des règles du vivre ensemble établies: « on ne doit pas », « on n’a pas le droit de », « il est interdit de », etc. Pas de propositions concrètes et positives mais des interdictions fermes et définitives. Pas de place pour l’expérimentation, la découverte et l’individualité.
Également, l’uniformité de l’enseignement délivré est assez marquante. Même L’éducation artistique qui appartient à un domaine d’enseignement censé ouvrir les enfants à la créativité et au domaine de l’imaginaire et du « pas pareil » reflète cet « uniformisme »: tout est fait pour formater les enfants à tous penser pareil, créer pareil et percevoir le Monde de la même manière, dans une vision uniforme, réductionniste et attristante de normalité. C’est particulièrement visible dans de nombreux couloirs d’écoles et salles de classe où l’on peut découvrir des kilomètres d’« œuvres-collage » de feuilles d’automne, de multiples dessins photocopiés sur lesquels l’enfant a eu le droit de choisir les couleurs pour correctement les colorier, ou d’innombrables copies et reproductions d’un Paul Klee ou d’un Picasso...
Pourquoi toujours commencer par apprendre aux enfants à dessiner « à la manière de » en partant trop souvent d’exemples concrets déjà imaginés et inventés au lieu de partir de leur propre imaginaire et de leur proposer de s’exprimer librement, en toute confiance.
Quelle chance auront-ils ainsi de découvrir leur propre voix et leur talent qui ne demande qu’à éclore ainsi que de développer leurs propres idées. Sans un développement précoce de la créativité , de l’autonomie et de la confiance en soi, l’enfant deviendra très souvent un adolescent révolté et perdu, et plus tard un adulte assisté et mécontent.
Pour une éducation qui rime avec participations, créativité et échanges
En observant le lieu, les règles de vie et l’emploi du temps des élèves à l'école, et en le confrontant à la réalité neurologique, émotionnelle et physique de celui-ci, force est de penser que l’école telle qu’elle est conçue et organisée n’est pas une école créée et adaptée pour les enfants. Il semblerait plutôt qu’elle soit une école de l’adulte, conçue par et pour eux, réfléchie pour leur permettre de dérouler le programme éducatif pensé et façonné par l’institution: Le rythme, l’environnement physique et sonore ainsi que les espaces offerts aux enfants ne semblent répondre en rien à leurs besoins et à leur nature.
L’enfant devrait être au centre des réflexion et des décisions de la construction d’une école. Il devrait également être au cœur des décisions concernant son apprentissage et de son mode d’évolution. Il devrait être acteur et co-créateur de son éducation et non un simple exécutant.
Accompagné et entouré par la bienveillance, l’enfant « acteur » devient très vite autonome et prend confiance en lui, développant une estime de soi et un bien-être. Ce bien-être se traduira automatiquement en moins de violence. Permettre à l’enfant de questionner l’adulte, de discuter avec les camarades et de proposer ses idées et sa vision le rend proactif, motivé, enthousiaste et créateur. Il se sent valorisé, écouté et respecté.
De l’importance de communiquer juste
Il est donc impératif de permettre à l’enfant de prendre la parole et de valider cette prise de parole comme souhaitée, légitime et même nécessaire. L’important n’est pas d’avoir raison et de trouver la bonne réponse mais d’essayer de réfléchir, de s’interroger et de trouver « sa » réponse. D’ou l’importance de communiquer juste et d’apprendre à l’enfant le plus tôt possible la communication bienveillante et non violente. L’important n’est pas d’avoir tous la même opinion mais d’être capable de discuter et de se mettre d’accord.
Et cet apprentissage ne peut être transmis que par des adultes bienveillants. Cela passe inévitablement de mon point de vue par la formation du corps encadrant et enseignant en CNV.
Il ne suffit pas d’exiger de l’enfant une attitude exemplaire. Montrer l’exemple et pratiquer une communication bienveillante est primordial de la part de l’équipe encadrante et enseignante; une communication non violente des adultes envers les enfants ainsi qu’entre adultes.
Vers une société bienveillante, adulte et responsable
Une transformation profonde de la société ne peut se faire que de l’intérieur parallèlement aux transformations des pouvoirs dirigeants. On ne peut pas uniquement être dépendant des décisions prises par les institutions pour commencer à investir sa vie et agir. Chacun d’entre nous a le pouvoir de décider de ce qui est important pour lui, des valeurs qu’il souhaite défendre à chaque moment de sa vie. Chacun d’entre nous a le pouvoir d’observer, d’écouter, et d’engager avec les autres une communication et un dialogue responsable. Nous en avons même la responsabilité. L’important n’est pas d’être juste tout le temps et de mener une vie exemplaire à chaque instant, mais l’important est de tendre à cette prise de position empathique grâce à une prise de position responsable, attentif et à l’écoute de soi et des autres. Il est essentiel d’être capable de se remettre en question, de reconsidérer ses prises de position et de réajuster ses actions pour établir chaque jour une relation sereine envers soi-même, son entourage et le monde. Du bien-être et du bonheur de nos enfants dépendront l’avenir et le visage de notre société et l’évolution de l’espèce humaine.
Rédacteur pour le magasine d'Art en ligne et média de communication Aralya.fr, découvrez ici les liens vers mes articles. Je partage également avec vous mes réflexions et témoignages sur mon vécu d'artiste, d'enseignant artistique et d'intervenant artistique dans le milieu scolaire.